Traversée de Bali aux Cocos Keeling Islands.

Jour de départ pour Free Spirit et son équipage ! Nous reprendrons la mer dans quelques heures et prévoyons 8 jours de traversée environ afin de rejoindre notre prochaine destination perdue au milieu de l'océan Indien ;  Cocos Keeling Islands. Un peu plus de 1 100 milles à parcourir toujours sous l'influence bénéfique des Alizés de sud-est. 8 jours d'escale puis, nous devrons rallier les îles Mascareignes (2 000 milles de plus au compteur), à savoir Rodrigues en prems, Maurice en deuz et enfin La Réunion !
3 petites semaines à Bali, c'est bien ! Mais j'avoue que le temps est vite passé... mais ce n'est pas un scoop... Bon vent et @ bientôt !



- Jeudi 25 juillet 2013 :
Debout à 8 heures. Que de choses à faire, à voir et à revoir avant le départ.
Mais quoi qu’il advienne ; la journée commence toujours par un bon petit déjeuner,  n’est-ce pas ?
Puis pour bien se réveiller ; une petite baignade dans les eaux troubles du port de Benoa afin de nettoyer un peu les œuvres vives ; racler l’hélice, la semelle, la dérive et les safrans. En gros toutes les parties qui ont été lésées par le rouleau à peinture lors du carénage de Free Spirit effectué à Koumac en Nouvelle-Calédonie il y a de ça un peu plus de 2 mois maintenant (et plus de 3 000 milles aussi !!! ).
J’enchaîne avec un tour en terre indonésienne pour la dernière. Un ultime check sur internet ; météo, mails, Facebook etc…
Avitaillement en fruits et légumes frais. Un plein complet pour moins de 15 euros ; 1 kg de tomates, un kilo de concombres, un kilo de carottes, 2 gros choux blancs, 2 kilos de bananes, 1 kilo de mandarines, 4 mangues, 2 beaux ananas,  1,5 kilo de pommes. Ces dernières ont été acheté au supermarché car ils font partis des fruits que Bali doit importer.
En Nouvelle-Calédonie, pour le même prix, j’aurai eu un kilo de tomates et un ananas !
Même si beaucoup de calédoniens roulent en Pick-up plus ou moins neufs ; il ne faut pas s’étonner s’ils se mettent à manifester contre la vie chère !
Le déjeuner à mon petit resto/self-service où j’ai mes habitudes histoire de flamber mes quelques derniers roupis qu’ils me restent dans mon porte-monnaie.
Il est 15 heures ; je regagne mon bord afin de me préparer à l’appareillage.
D’abord le hors-bord sur sa chaise de balcon, l’annexe légèrement dégonflée allongée en travers sur le roof et recouverte d’une bâche, le pont dégagé, les voiles, drisses et écoutes prêtes à servir, l’intérieur rangé… Nous sommes parés !
17h00 :  moteur démarré, grand-voile hissée à 2 ris, je largue les amarres attachées au corps-mort gracieusement prêté par… je ne le saurais jamais au final ! Le cordon ombilical nous reliant à Bali est rompu ; et c’est sous voiles que nous quittons notre place, en route pour la sortie ! Il nous faut remonter le chenal face au vent, aidé de 1 nœud de courant de marée descendante, et du moteur bien évidemment. Du moins sur le mille ou le canal est parfaitement dans le lit du vent, ce dernier étant orienté à l’est sud-est et soufflant à environ 20 nœuds. Le beau temps persiste ; c’est une belle journée pour un départ en mer !
Une fois sortis du chenal ; nous devrons tirer 2 bords afin de pouvoir contourner la pointe sud de l’île, aidé là encore par 1 à 1,5 nœud de courant nous portant au 180°. Ca fait très plaisir de se sentir soutenu dans son entreprise pour une fois !
Puis notre route obliquera petit à petit vers notre prochaine destination située à 1 110 milles de notre position actuelle dans le 257°.
Le coucher de soleil nous indique notre cap définitif. Allure de largue, bâbord amure, voiles en ciseaux ; GV à 2 ris sur tribord + la trinquette, et le génois tangonné sur bâbord. Mer agitée de sud-est croisée avec une longue houle de 2 mètres venant des quarantièmes parallèles sud et traversant tout l’océan Indien du sud vers le nord, jusqu’à ce qu’elle se heurte aux terres indonésiennes réputées pour ses magnifiques vagues auxquelles les surfeurs du monde entier viennent se mesurer. Une houle de travers pour nous… Une traversée océanique sans houle de travers : ça n’existe pas !

19h30 :  fini les petits warongs à moins de 40 000 roupis le repas complet, je vais devoir à nouveau me faire à manger ! Quant à Trinquette ; elle reprend copieusement son régime à base de poissons volants dont elle se délecte sans retenue aucune, assistée de ses sens hyper développés propice à une chasse qu’elle est sûre de remporter !
Le ciel et la mer nous prévoient une belle nuit tranquille, la lune décroissante mais encore très lumineuse nous en fait la promesse. Le vent va même faiblir pour ne finalement guère dépasser les 15 nœuds.

- Vendredi 26 :
6h30 :  le vent refuse de 20°, virant au sud sud-est et ayant la fâcheuse tendance à faiblir. Je dois détangonner le génois. Nous passons à l’allure de petit largue. La mer est peu agitée voir même plutôt calme ! Les Alizés ne m’avaient pas habitué à cela !
10h00 :  ciel 100 % couvert. Vent de sud-est 10-12 nœuds, puis faiblard dans l’après-midi. Je repasse en mode ciseaux, et ajoute à cette configuration la trinquette sur tribord.
Juste avant de quitter Bali ; un ami sur Facebook m’a suggéré de faire attention aux radars ! OK… mais je ne crois pas que cette traversée sera propice à de nouveaux records de performance. Une chose est certaine ; le calme et la tranquillité sont des paramètres que j’apprécie tout autant, surtout qu’ils sont plutôt rares en général. Alors profitons de ces moments de détente et de confort à bord !
13h00 :  le beau temps s’installe durablement, avec son lot de chaleur inhérente à notre latitude proche de l’Equateur. Décidemment ; cette traversée s’annonce sous les meilleurs auspices !

17h00 :  JOUR 1.  09°16 de latitude sud,  113°27 de longitude est ;  118 milles parcourus ces premières 24 heures.  Reste 995 milles dans le 257° jusqu’aux Cocos Keeling Islands.

18h00 :  pas de départ tonitruant, ni de vitesse fulgurante. L’Alizé « bonheur » nous boude et se calle en mode farniente. Nous venons de passer 4 heures dans du très petit temps ; les voiles ne se gonflant qu’au gré des mouvements saccadés de Free Spirit balloté par la mer pas aussi calme que le vent.
De plus ; le courant de surface nous fait remonter un peu trop au nord par rapport à notre route initialement définie. Nouveau cap au 240°, allure de vent de travers, toujours bâbord amure.
Heureusement ; le crépuscule apportera un peu de vigueur à l’Alizé qui se mettra à souffler à 12-15 nœuds toute la nuit qui s’annonce claire et paisible.
J’ai connu des nuits au mouillage bien plus inconfortables et stressantes que celles que je vis en ce moment ! Qui dois-je remercier ?

- Samedi 27 :
8h00 :  vent de sud-est 15 nœuds. Grand beau temps. Mer peu agitée à agitée de sud-est croisée avec la longue et langoureuse houle de sud de 2 mètres. Nous filons vent de travers à bonne vitesse, GV à 2 ris + génois entièrement déroulé. Vous y croyez vous à ces conditions ? Moi je n’en reviens pas ! Pas de vagues brutales, ni de déferlantes violentes, à peine quelques moutons sporadiques ici et là. Nous voguons paisiblement la descente grande ouverte, le pont demeure propre et sec, et Loulou est peu sollicité.
Je m’étonne car en principe ; juillet et août sont censés être les 2 mois les plus ventés et réguliers de l’année, en force (25 nœuds de moyenne) et en direction (Alizés de sud-est), et la mer évidemment croisée et très agitée. Je vous rappelle que ces mois sont également les mois des plus fortes tempêtes dans les quarantièmes rugissants et autres cinquantièmes hurlants. Autrement dit l’hiver austral quoi !
De plus ; il est le fameux « océan Indien » ! Celui que tous les marins tourdumondistes redoutent. Il a la réputation d’être le plus difficile des 3 (Atlantique et Pacifique).
Mais ceci étant dit ; les Alizés peuvent être amenés à souffler plus ou moins fort suivant si c’est une année « El Nina », ou bien « El Nino », ou bien encore une année neutre.

17h00 :  JOUR 2.  09°43 sud,  111°18 est ;  130 milles parcourus.  Reste 865 milles dans le 257° jusqu’aux Cocos.

18h33 :  coucher du soleil.

20h30 :  la nuit noire précédent le clair de lune laisse briller les étoiles phosphorescentes à la surface de la Grande Bleue, et étinceler les étoiles stellaires au sein de l’infinie voûte céleste. La bataille du nombre de ces combattantes éphémères demeure égale et seul l’ultime arbitre ; le soleil ordonne la fin de la partie.
Minuit :  les voiles se mettent à battre ! Ce bruit insupportable à mes oreilles,  engendré par la baisse indubitable du vent, me sort instantanément de ma cabine. En cause ; une énorme masse nuageuse, noire et menaçante, vient bouleverser le train de l’Alizé, et ainsi changer la donne concernant Free Spirit qui, jusqu’à cet épisode néfaste, continuait gentiment à voguer sur ses rails.
Le vent est tombé en deçà de 10 nœuds, et surtout ; il a viré à l’est nord-est, nous obligeant à pointer notre cap au 230° afin de ne pas déplorer un empannage intempestif. Une heure dans cette situation, puis nous serons cueillis par un bon 25 nœuds accompagnés de quelques gouttes de pluie, ainsi qu’une baisse sensible des températures. Par chance ; le gros du méchant grain va passer à 1 mille de notre poupe, coupant notre route et poursuivant la sienne vers le nord-ouest. Ouf de soulagement !
A 2 heures ; les conditions se stabilisent, même si le ciel magnifiquement éclairé par l’astre lunaire demeure encore bien chargé en nébulosité.
Entre 2 heures et 6h30 ; ceux sont d’innombrables manœuvres de tangonnage/détangonnage/retangonnage qui vont se succéder au gré des bascules de vent allant du sud à l’est.

- Dimanche 28 :
7h00 :  l’Alizé bénéfique : le vrai, l’unique, nous dit bonjour et nous souhaite la bienvenu sur son territoire.
Vent d’est sud-est 18-20 nœuds, beau temps agrémenté de quelques nuages. La mer est beaucoup plus agitée que ces deux derniers jours. Croisée en 2 ou 3 sens, à l’encontre d’une houle de 2 à 3 mètres venant du sud-ouest (3/4 avant de notre route). Voiles en ciseaux, génois tangonné sur bâbord.
Les oiseaux marins d’un gris très foncé et uniforme jouent les parapentistes aguerris autour de Free Spirit, planant sur les ascendants au dessus des flots bleus de l’océan.

Pour la petite histoire et pendant que j’y repense ; il y a 2 ans jour pour jour que Free Spirit, au terme d’une longue traversée de 3 100 milles couverte en 23 jours,  découvrit la merveilleuse et envoûtante Polynésie, avec un atterrissage magique et inoubliable au cœur de la Baie des Vierges sur l’île de Fatu Iva, archipel des Marquises. L’un des plus beau souvenir du voyage !



17h00 :  JOUR 3.  10°16 sud,  108°39 est ;  160 milles parcourus.  Reste 705 milles dans le 258° jusqu’aux Cocos.
Il ne semble faire aucun doute que notre course eut été légèrement favorisée par 1 bon nœud de courant favorable.

14h00 :  le soleil disparaît dans les méandres de l’oubli. Un grain, petit mais costaud, nous apporte un déluge qui va durer un quart d’heure environ, et une chute substantielle du vent.
18h00 :  le vent vire à l’est et forcit nettement à 20-25 nœuds. Nous nous retrouvons plein vent arrière sur une mer de plus en plus agitée, jumelée à une houle grossissante qui va bientôt atteindre 3 mètres.
A 19 heures ; le ciel devient très menaçant ; je décide, avant que la nuit nous plonge dans l’obscurité la plus totale, d’affaler la grand-voile, afin de la remplacer par la trinquette tangonnée sur tribord. Cap au 265°.
Dans l’heure ; la pluie par intermittence fait son entrée et le vent revient à l’est sud-est, sans conséquence aucune sur les réglages de voiles ou sur le cap que Loulou va suivre pour la nuit.

- Lundi 29 :
D’après ce que j’ai entendu dire de lui : je découvre dès l’aube une représentation assez réaliste de ce doit être le vrai visage de l’océan Indien. Vent d’est sud-est irrégulier de 15 à 25 nœuds. Ciel dégagé aux zéniths, mais bien chargé de l’est à l’ouest en passant par le sud. Et la mer : parfaitement chaotique ; c’est le mot ! Un véritable champ de mines. La longue houle de sud de 3 mètres environ sévit toujours sur notre flan bâbord, mais pour le reste ; je ne distingue que des croisements ! Impossible à vraiment définir une direction, ça vient de partout.
Inutile de préciser que le confort de vie à bord tellement apprécié les 48 premières heures est totalement et anarchiquement ébranlé à l’heure actuelle.
Je constate, en observant le ventre de Trinquette, que la pêche a été fructueuse cette nuit ! Une bonnes vingtaine de cadavres d’exocets sont encore échoués sur les passavants de Free Spirit ; c’est dire la quantité que Mademoiselle a dû s’enfiler !
L’inconvénient de cette chasse acharnée ; c’est que je découvre des écailles partout, même à l’intérieur. Et de part leur substance naturellement collante ; les tentatives de nettoyage ne sont pas choses aisées, mais ça je ne pense pas qu’elle en tienne compte lors de ses massacres.
A mon quart à la barre ; je peux parfaitement me rendre compte de l’étendu des dégâts irréversibles concernant la pollution en mer. Le nombre de détritus flottant entre 2 eaux est juste impressionnant. Poches plastiques, chaussures en tous genres, morceaux de bois flottés, bouteilles et bouchons, divers contenants, et j’en passe… Quel tristesse de voir ça. La société de consommation étant un facteur exponentiel grandissant ; les choses ne risquent pas de s’arranger. A moins que les milliards d’êtres humains que compte cette planète ne prennent enfin conscience un jour que la mer n’est pas une poubelle !

13h00 :  à une heure près : il se produit exactement les mêmes conditions climatiques que la journée d’hier. Le gris des nuages est venu shunter le bleu du ciel tous azimuts, la pluie tombe par averses sporadiques, le vent s’essouffle et change de direction à moult reprises. Deux après-midi de suite peu réjouissantes. Sauf que ça va vraiment se gâter…
14h30 :  qui c’est qui a éteint la lumière ??? Aller, on ferme toutes les ouvertures, et ce pour un bon moment !
La pluie diluvienne nous tombe dessus plus vite que Trinquette sur un poisson volant échoué sur le pont de Free Spirit. La douche va durer 45 minutes (que du bonheur ; manœuvres innombrables, 100% d’humidité, du vent, pas de vent, les voiles qui claques, la totale quoi !). Le vent est très faible de nord-est, puis d’est, pour en fin de période s’établir à 25-30 nœuds de sud sud-est. Grand-voile à 3 ris (comme elle aurait toujours dû l’être en fait) + trinquette. Cap au 260°, allure de vent de travers. Objectif principal ; éviter de se payer l’île Christmas et par déduction passer au sud de cette dernière.

17h00 :  JOUR 4.  10°32 sud,  106°26 est ;  133 milles parcourus.  Reste 572 milles dans le 257° jusqu’aux Cocos.

19h30 :  des éclaircies naissantes laissent percer quelques étoiles ça et là autour de la Croix du Sud. Le vent souffle encore très fort et va persister toute la nuit.
Il me faut gréer le lit de camp (au sol dans le carré, côté au vent c’est-à-dire bâbord, là où on se rapproche le plus du centre de gravité, et là où donc ça bouge le moins, enfin tout est relatif) parce que dans la cabine ; c’est intenable tellement ça brasse.
Bon point pour les fichiers météo ; jusqu’à cet après-midi : ils ne s’étaient pas trompés et les prévisions étaient assez justes. En revanche ; ce petit coup de vent à 25-30 nœuds avec des claques à 35 nœuds n’était pas du tout au programme de la semaine. Je ne vais pas encore une fois leur jeter la pierre Pierre… Mais tout de même !
2h00 :  nous venons de déborder la longitude de l’île Christmas et par conséquent sommes à un peu plus de la moitié de la traversée. Nous sommes passés à 10 milles environ de la pointe sud de l’île et je n’ai strictement rien vu, à part une petite lumière rouge clignotante noyée dans la masse nuageuse. La lune, dans sa demi forme, avec la face rectiligne horizontale (j’ai toujours du mal à mi faire), est pourtant déjà bien présente dans le ciel qui en a profité pour bien se dégager.
Pour la petite histoire : c’est en ces coordonnées géographiques ; point précis sur notre belle planète, que les routes de Côte de Beauté et de Free Spirit se séparent, à 26 ans d’écart temporel. A l’époque ; Côte de Beauté mettait le cap sur le Ski Lanka pour sa dernière grande traversée longue de 2 000 milles en direction du nord-ouest.

- Mardi 30 :
7h30 :  comme ces 2 derniers jours ; l’astre solaire fait son apparition dans notre arrière accompagné d’un très beau temps relatif aux Alizés que j’oserai qualifier de classiques. Le vent souffle toujours à 25-30 nœuds établis. La mer est très agitée et hachée. Creux de 2,5 à 3 mètres formés par croisement avec la houle de sud toujours significative. Quelques rares déferlantes peu puissantes peuvent nous arroser copieusement par moment.
Chaque déplacement à bord doit désormais être préalablement étudié et analysé avec précaution avant tout mouvement même bénin. On ne se ballade plus par plaisir quoi !
« A la barre ou au plumard ; y’a que là qu’on est peinard ! ». C’est pas toujours vrai, mais bon ; ça rime !
Tenez ce matin : première tâche, Trinquette réclame ses croquettes (pas de pêche cette nuit pour cause de mauvais temps m’a-t-elle susurré dans l’oreille). Bon d’accord ! Je lui charge sa gamelle, m’apprête à lui poser en haut de la descente, et là je suis surpris et violemment déséquilibré par un méchant coup de mer. Vlan ! Les croquettes se retrouvent éparpillées un peu partout dans le coin cuisine et la descente. Indubitablement désappointé ; je trouve que la journée commence bien ! Heureusement, il fait beau !

17h00 :  JOUR 5.  11°00 sud,  104°18 est ;  130 milles parcourus.  Reste 445 milles dans le 260° jusqu’aux Cocos.

Une journée somme toute pas si mauvaise ; n’ayant nécessité aucune manœuvre particulière et donc d’aller et venu précaire au poste avant très souvent allègrement arrosé par quelques déferlantes bien peu avisées.
Le thermomètre affiche des températures de 2 à 3 degrés moins élevées qu’à Bali. Normal je dirais ; nous nous éloignons de l’équateur. Ca va se refroidir doucement jusqu’aux îles Mascareignes car le mois d’août de l’hiver austral (dans l’hémisphère sud où nous évoluons en ce moment) correspond au mois de février de l’hémisphère boréal. Ce mois d’août est donc le mois qui enregistre les plus basses températures. Et je me souviens de ce même mois de l’année 2011 passé aux Tuamotu où l’on supportait bien une petite veste le soir. En Nouvelle-Calédonie ; les records enregistrés parlent de 5° dans la chaîne, 10° sur l’île de Lifou. Si on se réfère aux statistiques ; on peut s’apercevoir également qu’il est me mois où les Alizés soufflent au mieux de leur forme !
D’ailleurs, à 23 heures, après le passage d’un grain pluvieux durant lequel la pluie est tombée drue et le vent a basculé à l’est en faiblissant, l’Alizé est revenu se caler au sud-est tout en gagnant en force (mais pas en sagesse !), avec des rafales atteignant  35 nœuds. Afin de soulager Loulou, au moins pour la nuit, je décide d’affaler la GV et de ne garder que la trinquette. Pour appuyer ma décision : il est fort probable qu’à cette allure là ; nous atterrissions  de nuit (une fois n’est pas coutume !) à Coco Keeling. Accélérer serait de la pure inconscience pour le matériel et son équipage. Donc ; quitte à lever le pied tôt ou tard, autant le faire dans la baston.

- Mercredi 31 juillet :
7h30 :  les Alizés « bastonton » nous flinguent à bout portant ! 30 nœuds établis, rafales à 35 sous les nuages qui courent au galop dans le flux de la première couche atmosphérique, sur fond de ciel bleu turquoise. La mer reste inchangée, tantôt bleu azur, tantôt blanche immaculée ; observation qui en dit long sur son état furibond ! La houle de sud oblique progressivement au sud-est.
Cap au 260° ; il est plus prudent et plus sage de dérouler un chouia de génois tangonné sur bâbord, plutôt que de renvoyer la GV qui ne manquerait pas de largement contribuer à nous faire partir au lof bien plus que nécessaire. Et puis nous ne sommes  pas pressés et je sais de toute façon qu’à cette allure de vent de travers petit largue, de surcroît naviguant sous-toilé ; aucun record ne pourrait être envisageable. Donc on continue à se la jouer « cool » quitte à mettre 24 heures de plus.

17h00 :  JOUR 6.  11°20 sud,  102°20 est ;  118 milles parcourus.  Reste 325 milles dans le 260° jusqu’aux Cocos.

La mer a encore grossit, histoire de définitivement asseoir sa position d’océan le plus difficile de la circumnavigation sur la route des Alizés, ces derniers n’ayant absolument plus rien à envier à nos tempêtes charentaises, voir même bretonnes. Un seul bon point pour les Alizés concerne les températures. Il est indiscutablement plus sympa de se prendre 35 nœuds sous les tropiques, où le thermomètre ne descend pas en dessous de 20 degrés. Ceci dit ; on s’habitue à cette douceur climatique, et on se tropicalise assez facilement. Par exemple, depuis hier, mes heures de quart à la barre, je les assure en veste de quart et salopette.
19h00 :  nous sommes encerclés par les grains. La nuit s’annonce encore peu propice à un repos pourtant bien mérité. Ces conditions nuisent gravement à ma forme physique ainsi qu’au moral. La mer se déchaîne sans cesse, la houle de sud culmine à plus de 4 mètres dans les sommets. Les déferlantes sévissent, mais je ne saurais expliquer pourquoi, elles me paraissent moins violentes que celles que j’ai pu rencontrer sur les traversées précédentes. De plus, je l’avais déjà remarqué en quittant l’Australie, les lames déferlent individuellement, contrairement à l’océan Pacifique ou l’océan Atlantique où elles s’élèvent la plupart du temps par série de 2 ou 3 vagues (la deuxième et la troisième sont les plus dangereuses car elles assènent le coup de grâce !).
Pour en revenir à notre cas du jour, quant à déterminer la provenance exacte de ces déferlantes ? Mystère et boule de gomme ! Parfois elles nous catapultent à plus de 10 nœuds au surf (donc elles se déplacent plus ou moins d’est en ouest), et d’autres fois ; il se produit le phénomène inverse. A savoir que l’étrave de Free Spirit frappe la mer et rebondie comme si nous étions au près, comme si Free Spirit chutait dans un trou perdu percé dans l’océan . C’est très curieux !
2h00 :  le coup de vent s’installe et prend même largement ses aises. Loulou n’est pas à la fête ; et de se diffuser la douloureuse contagion. L’anémomètre oscille de 30 à 40 nœuds, mais surtout les déferlantes se focalisent à nous prendre par le travers bâbord et le cockpit s’en trouve être régulièrement envahi et submergé par les mousses chargées d’eau de mer plus que d’oxygène. Et je m’inquiète à l’idée de m’imaginer les 2 000 milles de la prochaine traversée entre les îles Coco et Rodrigues dans de telles conditions de warrior ! Bonjour l’angoisse…

- Jeudi 1er août :
Rien n’a changé au point de vue météorologie, si ce n’est que le ciel est beaucoup plus chargé que ces 2 derniers jours. Vent de sud-est, 30 à 40 nœuds, mer démentielle. Allure de petit largue bâbord amure. Toujours sous trinquette + un mouchoir de poche tangonné au vent en guise de génois !
15h00 :  serait-il possible qu’avec la couverture nuageuse devenue complète ; l’accalmie se fasse, ne serait-ce que très légèrement ressentir ? Serait-il possible les déferlantes s’estompent un chouia ? Que l’anémomètre ne dépasse plus les 30 nœuds. Je dirais que cela se pourrait bien ! Mais… pour quelques heures seulement alors, histoire de nous rendre la vie moins monotone, de rompre les habitudes. « La baston est un remède contre la monotonie. Sauf lorsqu’à son tour elle s’installe durablement ! ».

17h00 :  JOUR 7.  11°40 sud,  100°13 est ;  127 milles parcourus (avec à peine 12 m2 de toile).  Reste 200 milles dans le 264° jusqu’aux Cocos.

Ceci pour signaler qu’au pointage du crépuscule ; le vent va remettre les watts, pour poweriser de nouveau à 30-40 nœuds. L’accalmie aura sans équivoque était de courte durée, une sorte de baisse de forme éphémère et spontanée des Alizés. Quoi qu’il en soit ; la mer redevient épouvantable. Au poste de barre : je me suis pris 2 déferlantes à 5 minutes d’intervalles ambiance bain-douche ultra rafraîchissante. Tout pour me mettre de bonne humeur, du moins pour que j’aille très vite me rincer, sécher et me mettre à l’abri. D’ailleurs ; c’est fou le contraste entre l’extérieur et l’intérieur. Une fois dans l’habitacle douillet, que tout est fermé, à part les mouvements brutaux du bateau au gré des caprices de la houle endurcie qu’il faut continuellement anticiper et parer, pour le reste ; houlala !!! Qu’est-ce qu’on est bien !

- Vendredi 2 :
8h00 :  première constatation au regard des instruments de bord ; le vent a légèrement adonné au cours de la nuit, pour s’installer à l’est sud-est, les rafales ne dépassent plus 35 nœuds, s’établissant plutôt à 25-30 nœuds. En suivant le cap 265° ; nous sommes à l’allure de grand largue. La mer et la houle viennent à peu près dans le même sens, avec des creux de 3,5 à 4 mètres, ce qui rend notre progression un peu moins inconfortable. Le beau temps devrait, je l’espère, nous accommoder d’une belle journée. Idéale en tout cas pour plonger la ligne de traîne, et espérer…
C’est chose faite ; je prends mon quart à la barre à 10 heures, et 45 minutes plus tard, ça mord ! Je remonte un beau Maï-Maï (Mahi-Mahi ou encore dorade coryphène ndlr), taille adéquate pour le déjeuner et le dîner. De bons petits plats agrémentés de lait de coco, curry, herbes de Provence, poivre, petits dés de tomates, carottes et choux frais. J’en salive d’avance. Trinquette s’en fout ; elle est tellement gavée de poissons volants qu’elle bouffe sans retenue et sans limite aucune.
12h00 :  coupe-circuit en position « ON » ; à Loulou de reprendre la barre. Mais, pour la première fois depuis que nous avons quitté la France ; il ne se passe rien. Le bras mécanique de mon indispensable second reste inerte. Je reproduits l’opération une deuxième fois au cas ou, toujours pas de réponse. Je n’ai plus d’équipier, et c’est fort ennuyeux.
Réfléchissons… Il nous reste 100 milles à parcourir. Je peux tenir la barre mais tôt ou tard, il faudra que je l’abandonne pour me restaurer ou me reposer. Impossible de lâcher la barre au portant, ou même de l’amarrer comme je le fais aux allures de près. Quoi qu’il advienne, nous sommes tellement ralenti depuis 2 jours (et encore ; avec une seule toute petite voile, les 120 milles quotidiens sont encore tenus !) que nous ne pourrons pas arriver avant demain, donc cela nous laisse de temps.
Concernant Loulou ; peut-être un simple faux contact au niveau du moteur, du branchement électrique ? Je vais donc mettre à la cape, barre amarrée de 20° sous le vent, trinquette bordée, et vérifier ça au calme et surtout au sec.
Le moteur apparaît sous mes yeux après avoir précautionneusement dévissé l’arrière du vérin. Le constat est sans appel ; 2 soudures ont lâché, plus 2 fils sectionné au niveau des condensateurs ! OK, on connaît la panne, et on sait qu’il sera impossible de réparer dans ces conditions de mer inadéquate à ce genre de manipulation. La soudure ; c’est déjà pas facile, mais en mer, balloté par des creux de plus de 3 mètres, cela devient carrément infaisable.
La solution est simple, unique et indiscutable ; installer le pilote de secours, ce dernier n’ayant encore jamais été déballé, et encore moins préparé à être utilisé dans de bonnes conditions, tellement ma confiance envers Loulou était inébranlable. Mais ; ceux sont des choses qui arrivent et comme dit Papa : « En mer : il faut savoir prévoir l’imprévisible ! ».
Trouver, sortir et déballer le précieux sésame, le câble pour la rallonge, les branchements électriques à savoir : le + avec le +, le – avec le -.
Test : ça marche, il est alimenté au circuit 12 volts du bord via le coupe-circuit de service (montage provisoire mais qui devrait faire l’affaire pour les 100 derniers milles qu’ils nous restent à parcourir). Ensuite vient sa mise en place au poste de barre… et là : problème, je m’aperçois à la vue du compas intégré qu’il doit être monté sur tribord, hors, Loulou a été installé sur bâbord ! Il n’est donc pas possible d’utiliser le nouveau pilote sur la fixation de Loulou, et c’est fort dommage.
Il me faut donc imaginer puis magouiller une solution toujours très provisoire qui semble au bout du compte vouloir fonctionner. L’essentiel est que l’histoire tienne jusqu’au mouillage des Cocos Keeling Islands. Je croise les doigts !
Décidément ; avant cette mésaventure ; je m’imaginais déjà que cet atoll était un miracle et faisait appel à la providence, de part son simple emplacement au milieu de l’océan Indien, pile sur la route Bali – îles Mascareignes. Et aussi de part son côté paradisiaque paraît-il, mais là je devrais attendre d’y être pour vous le confirmer assurément.
Et maintenant ; à table ! Allons nous remettre de ces émotions et nous délecter de ce magnifique et non moins excellent poisson préparé à la façon polynésienne !

17h00 :  JOUR 8.  12°00 sud,  98°13 est ;  120 milles parcourus (tant que ça !).  Reste 82 milles dans le 264° jusqu’aux Cocos.

20h00 :  vent d’est 25 nœuds. Mer devenue bien plus maniable. Allure de plein vent arrière. Exactement les conditions que j’aurais rêvé d’avoir tout au long de cette difficile traversée. Et dans un douzaine d’heures, tout au plus ; nous serons arrivés à destination ! Du moins je l’espère. Enfin, baston ou pas baston ; l’escale sera toujours savourée comme il se boit, pardon comme il se doit !

- Samedi 3 :
7h00 :  la pénombre prédomine encore, tandis que je commence à distinguer la Terre du Salut qui se dessine dans notre direction et pour notre plus grand bonheur. Je pense à Loulou, mon fidèle équipier, et je me dis que nous sommes tous très très content d’arriver, d’autant plus que la longue houle de sud fait gentiment sa réapparition et nous fait rouler de nouveau avec plus ou moins d’insistance pour l’instant. Notre nouvel équiper s’en est ma foi fort bien sorti, pareillement pour mes montages et connections provisoires.
Enfin, oublions tout cela pour quelques temps ; notre atterrissage est imminent, l’heure du repos des guerriers a sonné ! Cette Terre promise perdue au milieu de l’océan Indien et qui ressemble à si méprendre aux atolls si merveilleux de l’archipel Polynésien des Tuamotu est là, à moins de 1 mille maintenant. L’île principale des Cocos Keeling Islands s’étire de 9 milles du nord au sud, et de 6,5 milles d’est en ouest. Autant dire qu’il est minuscule par rapport à l’immensité océane qui l’entoure ! Dame Nature ne cessera jamais de me surprendre ; elle qui fait toujours si parfaitement les choses !
A l’heure où l’astre solaire sort de sa cachette et nous honore de sa lumineuse et éblouissante silhouette ; je me mets à la manœuvre ; affale la trinquette (seule voile que nous avions depuis l’incident avec Loulou), allume le moteur, dirige l’étrave de Free Spirit dans l’axe de la passe de l’île Direction afin d’embouquer le canal qui nous mènera tout droit à Port Refuge – le bien nommé ! Déjà ; je jubile à l’idée de découvrir un nouveau spot de rêve. L’escale vaut la peine, 100 fois même ! Et d’avance il sera très difficile le quitter surtout pour reprendre la mer sur une distance de 2 000 milles dans des conditions assurément ventée et houleuse de part son époque.
45 minutes de moteur face à 25 nœuds de vent établis plein est seront nécessaires pour rallier le mouillage obligatoire de quarantaine réservé aux plaisanciers de passage (12°05,56 de latitude sud,  96°52,94 de longitude est).
Je laisse tomber l’ancre dans 2 mètres de fond de sable. Le décor est magnifique ; eau turquoise, barrière de corail qui stoppe la mer déchaînée sur tribord, motu (Direction Island) bardé d’une fine plage de sable et corail, bordé de cocotiers à foison sur bâbord !
Nous sommes 5 voiliers en tout. Dont un français, le voilier s’appelle Atéa, en Aluminium, construction signée Meta au premier coup d’œil. Ce nom me dit quelque chose…
Il y a aussi un canadien, un anglais et un allemand.
Au port de Benoa à Bali ; j’étais seul pendant 3 semaines ! Enfin Free Spirit était le seul voilier de passage en route pour un voyage long courrier !


Résumé de la 9ème grande traversée transocéanique.

Free Spirit a parcouru 1 120 milles en 8 jours et 15 heures,  à 5,4 nœuds de moyenne pour 140 milles par jour.
140 heures de barre pour Loulou.  48 heures pour le capitaine.  1 heure à la cape au moment du changement de pilote automatique.  18 heures d’affilées pour notre nouvel équipier.
1 heure 30 de moteur (45 minutes au départ de Benoa, et 45 minutes à l’arrivée au superbe mouillage de Port Refuge, île Direction, atoll Cocos Keeling Paradise !).
Pas de record des 24 heures (toujours égal à 162 milles).
Un coup de vent à 40 nœuds, long, très long !



Cocos Keeling Islands ; mode d’emploi et vie en son sein.


Il faut dire qu’elle n’est pas facile cette vie là, loin de la famille, des amis, surtout en cette période d’anniversaire. Mais comme toujours ; je m’adapte, « dit-il cela sur un ton ironique bien sûr ». Non franchement ; c’est vraiment le paradis cet atoll. Nul doute que cette escale restera gravée dans ma mémoire pendant très longtemps.

Et puis il y a eu cette nouvelle de la famille. Ce que je redoutais le plus durant mon voyage ; la perte d’un être cher ! Mon oncle a fini  par appareiller pour sa plus grande traversée vers l’infini grand bleu. Je lui adresse un ultime au revoir en espérant qu’il le recevra là où naviguera dorénavant son esprit vagabond. Bon vent Tonton…

Tout est un peu compliqué ici.
L’île est habitée par des Musulmans Malaisiens. Et la semaine dernière ; c’était encore le Ramadan. Tout était fermé.
Internet est resté en rade pendant 10 jours. Et les téléphones publiques ne fonctionnent pas non plus dans l’immédiat.
Les bateaux de passage n’ont pas le droit de bouger à l’intérieur du lagon. Seul le mouillage de Direction Island est autorisé (il se situe à 5 kilomètres de Home Island où se trouve la civilisation). La traversée en annexe est périlleuse car les Alizés soufflent en mode baston non-stop nuit est jour. En revanche le mouillage est vraiment magnifique, gavé de poissons… et de requins !
A terre ; si vous avez besoin de quoi que ce soit à Home Island ; Mister Abedine veille en VHF sur le canal 20 de 6 heures à 20 heures tous les jours !
A West Island ; on trouve Maître Tony, qui travaille au Club, un genre de RDV des bons copains local. Very good Man ! Les meilleurs fishburgers et cappuccinos de tout l’océan Indien !

La vie est très chère aux Cocos car tout est importé ; 8 dollars le sachet de pain de mie, 15 dollars l’heure d’internet et 50 dollars par semaine pour le droit au mouillage. Ceci dit, ne nous plaignons pas car il faut tout de même reconnaître qu’il est sincèrement magnifique ce mouillage. Et puis on reconnaît bien là le petit plus anglo-saxon qui fait toute la différence. Sur la plage sont mis à disposition des plaisanciers ainsi que du peu de touristes qui viennent avec le ferry le jeudi et le samedi, des toilettes, des barbecues, deux hamacs, des carbets abrités, avec un système très simple de récupération de l’eau de pluie ainsi stockée directement dans de grosses citernes. L’eau douce ne manque donc pas, les noix de coco foisonnent, les bernard l’hermite abondent !
L’envers du décor ; ceux sont malheureusement ces milliers de tongues, emballages divers, bouteilles plastiques tout contenant qui jonchent les rivages exposés au vent et à la mer lesquels à l’unisson assurent le transport de tous ces détritus. Quelle tristesse de voir ça, mais que faire si ce n’est de changer les mentalités. Ca prendra du temps… Combien de temps ? Que dire aussi de ce porte-containers de 325 mètres de long littéralement coupé en 2, avec 1 500 containers partis à la dérive entre 2 eaux ! Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? Aucune ! On continue quand même à construire toujours plus grand, et toujours plus graves sont les conséquences d’une catastrophe.


Bref, abordons le sujet de nos très chers voisins et nouveaux amis :

Mon premier contact au mouillage sera pris avec les français Chantal et Bernard sur leur voilier Atéa, construit en aluminium au célèbre chantier Meta. Bernard va rapidement devenir mon meilleur pote sur la zone. Excellent pêcheur au harpon, excellent blagueur, marin, bricoleur, excellent quoi… A 62 ans : je peux respectueusement et affectueusement l’appelé Papy !
Je fais la connaissance d’une famille anglaise sur Bonaire (Garcia 50). Stéphany, Tim et leurs deux enfants Sam et Tom, tous joueurs de Ukulélé, et tous kitesurfeurs. J’avais remarqué leur superbe voilier à Opua en Nouvelle-Zélande lorsqu’il était au carénage mais n’avez pas rencontré leurs propriétaires.
Un couple d’australiens en partance pour un tour du monde (qui commence pour eux !), lui possède la double nationalité irlandaise.
Katie et Bill sont canadiens (Katie possède aussi la double nationalité néo-zélandaise) sur un voilier américain qui ressemble à si méprendre aux Anses Christian (quille longue, cul norvégien, beaupré).
3 allemands dont un possède la double nationalité française, navigue en convoyage professionnel sur un Sun Odyssée 52 DS. Seulement 4 jours d’escale aux Cocos. Quel échec !
Andy navigue comme moi, tour du monde en solitaire. Il est suédois.
Un allemand en solo sur un Bavaria 36. Il est plutôt discret et ne sort que très rarement de son bateau.
Nick est anglais, solitaire aussi, et navigue entre les territoires australiens, l’Indonésie, la Thaïlande, et la bouteille lol…
Les américains sur une goélette de 18 mètres, une des équipières est sud-africaine.
Ben et Ben sur un cata Louisiane relativement âgé. Le propriétaire est suisse-allemand-italien et parle 5 langues ! L’autre Ben ; son équipier depuis Singapour, est autrichien.
Tout ce petit monde va se donner RDV sur la plage pour une big-party en date du samedi 17 août afin de… fêter mon anniversaire ! Si si. Absolument tous les gens de bateaux présents au mouillage ce soir là seront à terre pour cet évènement. Entre autres l’allemand un peu timide, et Andy le Suédois qui avait prévu de partir le jour même et qui finalement à repoussé son départ au lendemain.
Je vais donc avoir droit à des cadeaux surprise, des chansons, des danses, deux gâteaux d’anniversaires avec de véritables bougies à souffler (merci Katie et Stephany pour leur contribution), un discours où je vais avoir beaucoup de mal à contenir mon émotion… Tout était génial en somme, sans aucun doute un anniversaire que je n’oublierai pas de sitôt … Ne manquez encore et toujours que la famille et les amis ! Difficile de ne pas y penser présentement…

Fait plutôt surprenant ; je rencontre tous ces bateaux de voyage pour la première fois. D’ordinaire, les navigateurs au long cours se croisent et se recroisent au fur et à mesure de l’avancement du voyage, mais là en outre ; tout est première fois. Une chose est sûre en revanche ; nous sommes assurément certains de se revoir, soit aux îles Mascareignes, soit en Afrique du Sud, et plus loin encore qui sait…

Comment parler des Cocos Keeling Islands sans évoquer la pratique du kitesurf !
Du vent tous les jours, de l’eau chaude et translucide, un super spot pour apprendre à Kitebeach (la pointe sud de West Island) où le fond est de sable, peu profond sur au moins 2 kilomètres carré, une flopée de couleurs chaudes et brillantes qui défilent devant vos yeux lorsque que vous ridez à travers l’atoll. La traversée Direction Island – Kitebeach est orienté pile vent de travers et mesure 8 milles. L’aller-retour se fait sans soucis en 2 heures de temps avec une pause à West Island. Je l’ai fait plusieurs fois, et même pour aller faire ma clearance de sortie au poste de police de West Island. Mon spot préféré : Prison Island, située entre Direction et Home Islands. Un petit motu planté de quelques cocotiers et s’allongeant sous le vent par une langue de sable blanc immaculé. Magnifique ! Pas de spot de vague, du moins safe. J’entends par là qui ne nécessiterait pas une assistance en cas de pépin ! Dommage.

La tradition veut que chaque voilier de voyage laisse une trace de son passage au mouillage de Direction Island. J’ai donc laissé, afin de ne pas déroger à la règle et faire plaisir à Maman, un souvenir de notre merveilleux séjour aux Cocos avec comme principal acteur et héro de toujours ; Free Spirit !

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