1 euro = 41 roupis
mauriciens.
855 roupis de taxe
forfaitaire à payer, environ 21 euros. Correct comme ils disent tous ici.
Free Spirit sera
gracieusement hébergé à l’entrée du port de pêche, grâce à son faible tirant
d’eau. Quelques moustiques sont à déplorer le soir, mais rien à voir avec
Koumac. Quelle tranquillité d’esprit de se savoir à l’abri et en sécurité, et
puis la nuit est d’un calme auquel je ne suis point habitué. Lorsque l’on vient
de passer presque 3 semaines en mer où tout bouge sans cesse 24/24 heures, 7/7
jours, je peux vous dire que ça fait du bien.
Quant à mon
équipière chérie, et bien il ne l’on pas vu au moment des visites officielles,
je n’ai pourtant pas cherché à la cacher. Par conséquent ; je dois faire
attention à ce qu’elle ne se fasse pas remarquer étant donné en plus que nous
sommes parqué à une quarantaine de mètres du poste des coastguards. En fait, je
crois qu’elle a appris d’instinct à se planquer dès qu’elle aperçoit, entend ou
renifle un uniforme. Parfois même avant qu’ils aient mis les galons à bords. Je
ne sais absolument pas où elle peut bien se terrer mais en tout cas ; elle
prend visiblement cet exercice très au sérieux.
Quoiqu’il en
soit ; j’ai camouflé le cockpit avec des tauds, je l’attache en journée et
je la libère à la tombée de la nuit. Evidemment ; elle part en ballade
illico presto, dans un rayon de 40 ou 50 mètres guère plus et ne s’absente jamais
plus d’une heure. Une nuit ; elle est rentrée sérieusement blessée à la
papatte avant avec un bon trou sûrement dû à un vilain coup de canine. Encore un
prétendant qui a voulu jouer les Roméo mais qui n’avait ja-ja-jamais navigué
ohé-ohé !!! En tout cas ; elle est restée clouée au lit durant 12
heures sans bouger, ni manger, ni boire. Et le soir ; c’était reparti la
bamboula !
Côté
vie à Rodrigues Island,
voici un peu comment ça se passe par ici.
D’abord, je fais
la connaissance d’une famille de hollandais tourdumondiste sur un Océanis 50
nommé Boomerang qui se propose de me prêter un pilote automatique (le ST1000 de
la marque Raymarine) pour le reste de la route que nous avons de toute façon
commune jusqu’à ce que Loulou soit de nouveau opérationnel. A l’origine, ce
pilote de secours peut leur servir en le branchant directement sur le
régulateur d’allure lorsque Boomerang navigue au moteur par exemple. Mais John
ne l’a jamais utilisé. Il est neuf, ce qui me gène. Il insiste pour me le
prêter. Je n’insiste pas pour refuser ! En plus ; le ST1000 est
pareil en tout point que mon ST2000+ sauf que le 1000 est un peu moins puissant
et rapide que le 2000. Ca ; c’est fait, et ça fera largement l’affaire.
Merci encore Debby et John.
Je suis convié à
l’anniversaire de Luc, leur petit dernier, qui fête ses 6 ans.
De seul à Port
Mathurin les 2 premiers jours ; je vois passer une bonne quinzaine de
voiliers jusqu’à notre départ. Je retrouve les bateaux rencontrés aux Cocos
Keeling Islands ; Cocokay, Restless Spirit, Bonaire etc…
Et puis dans le
genre rencontre atypique : il y a le fameux et non moins célèbre
James ; un rodriguais dont la passion est de recenser tous les voiliers de
passage à Port Mathurin depuis plus de 30 ans. Alors là : respect et
humilité devant tant de patience, d’émotion, de vies croisées. Le principe
consiste à discuter un chouia suivant les disponibilités de chacun, de se faire
tirer le portrait avec cet homme attendrissant (il a plus de 70 ans Pépé !
), et de remplir un livre d’Or. C’est simple, original, et ça fait plaisir à
tout le monde.
Une
journée type à Rodrigues :
Lever
à 6 heures, petit déjeuner à bord. Puis un saut en centre-ville pour l’Internet
(gratuit à la bibliothèque municipale mais très très lent, 50 roupis les 40
minutes à la Poste ,
bien plus rapide). Un petit tour au marché local très animé surtout le samedi,
puis cap sur la boulangerie : un pain au raisin pour la gourmandise, une
baguette et 2 bananes pour le déjeuner à emporter, le tout pour 34
roupis ! Une visite éclaire du côté des quais où arrivent les nouveaux
voiliers de passage histoire de garder le contact avec les gens de la
« haute » mer. Puis retour à bord où je me confectionne un bon gros
sandwich crudités fromage, avale un café, récupère mon matériel de Kitesurf, et
en route pour la gare routière.
Il est possible de
louer un scooter pour environ 700 roupis par jour, mais je préfère largement me
mouvoir en autocar ; mode de transport bien plus typique et idéal pour
faire de belles rencontres avec les autochtones.
L’île est
parfaitement desservie par ces magnifiques bus hauts en couleurs où règne une
ambiance chaleureuse, décontractée et tropicale.
Côté décoration
extérieure ; pas un seul ne se ressemble. Ils portent de nombreuses
inscriptions se référents au Dieu tout Puissant, à des titres des aventures de
James Bond (Only for your eyes, Goldeneye, etc…), ou des noms surprenants comme
Le solitaire, Royroad, Road-runner.
Le son est bon, la
musique au rythme créole crie à fond les ballons de façon à couvrir le bruit du
moteur diesel qui peine foncièrement dans les côtes menant aux points
culminants de l’île. Et en avant !
Direction le spot
de Kitesurf par excellence de Rodrigues, à savoir Port sud-est ou l’anse
Mourouk. 45 minutes de bus environ et 31 roupis pour un aller, via le mont
Lubin d’où le panorama sur le lagon est époustouflant, un plaisir pour les yeux
tout au long de la route qui serpente jusqu’à la plage Mourouk. On remarque
clairement les ailes, les voiles des pirogues traditionnelles, la Grande passe Hermitage
profonde de plus de 25
mètres et formant comme une saillie zigzagante au sein
du lagon où la profondeur n’excède pas 2 mètres . Quel contraste fabuleux où les
couleurs turquoises bleus, verts, jaunes et marron clair règnent en maître
absolu ! Magique…
J’ai également
testé le spot de la plage de Saint-François ou anse Allie, beaucoup plus
sauvage et pour ainsi dire où je n’y ai croisé absolument personne ! Le
petit lagon est superbe avec sa passe qui le saigne en son milieu. Très beau
spot.
Je suis parti un
jour de là jusqu’à l’anse Mourouk. Mais arrivé à l’endroit où le lagon n’existe
presque plus et où la barrière récifale vient quasiment à fleureter avec les
falaises acérées du rivage ; le courant devenu trop puissant et à contre
bien entendu m’a indubitablement barré le passage. J’ai dû poser mon aile à la
plage du Trou d’Argent, et poursuivre ma quête de liberté… à pieds par le
chemin qui longe la côte jusqu’à la plage des Graviers. Le chemin transite par
2 autres petites plages aussi paradisiaques que désertiques dont l’une d’elle
appelée anse Bouteille forme une piscine naturelle au cœur d’une minuscule
crique juste éblouissante. Heureusement ; j’avais mon appareil photo
waterproof dans mon sac de Kite.
Une heure et demi
de marche plus tard ; je regonfle mon aile et repars donc par la voie maritime
au sein du lagon qui englobe tout le sud, l’ouest et les 3 quarts du nord de l’île,
la plus grande partie balayée par les Alizés plusieurs mois par an. A
l’extrémité sud-ouest ; la barrière de corail se situe à près de 8 kilomètres du
rivage. Vous imaginez le terrain de jeu pour les sports aquatiques ! Le
spot commence à être mondialement connu pour la pratique du Kitesurf.
Perso : je le trouve plutôt technique car il faut sans cesse lutter contre
un courant perpétuel qui pousse dans le même sens que le vent. Et pour
bénéficier d’un plan d’eau hyper flat : il faut remonter jusqu’à la
barrière récifale, et éviter de s’y rendre lorsque la marée est basse, surtout
par fort coefficient. En pleine marée d’équinoxe (le 21 septembre ndlr) et
jumelée avec la pleine lune ; le marnage était de près de 1,5 mètre . Une bonne
partie de la barrière ainsi que du lagon découvre complètement dans ces
conditions très particulières.
A la pointe
Mourouk, en face de l’île Hermitage ; je fais la rencontre de
Jérôme ; un breton très sympa et parfaitement tropicalisé installé ici
depuis bientôt 17 ans, marié à une rodriguaise, 2 enfants, et exploitant d’une
école de Kite. Il connaît tous les bons spots par cœur et à arpenté le lagon de
long en large et en travers. Jérôme est la personne incontournable à contacter
lorsque l’on projette un trip Kite à Rodrigues Island.
Côté visite
incontournable : il ne faut pas rater le parc à tortues situé à l’extrême
sud-ouest de l’île, juste à côté de l’aérodrome. Vous y découvrirez le musée
relatant l’histoire de la découverte de ces lieux quelques peu isolés au cœur
de l’océan Indien, plus de 2 000 tortues terrestres de tous âges,
reparties en 2 espèces différentes, ainsi qu’une surprenante caverne où se
dévoilent des stalagmites et stalactites vieux de plusieurs centaines de
milliers d’années. Très intéressant.
Le dernier bus de
retour vers Port Mathurin passe à 17h00 à la pointe Mourouk, et il ne vaut
mieux pas le louper celui-là !
Retour à bord au
coucher du soleil.
En
centre-ville ; le no-man’s land s’installe à partir de 17h30 environ, et
ce jusqu’à l’aube, ainsi que le dimanche. Tout s’arrête et il ne se passe plus
rien. Deux bars de nuit existent, ils sont ouverts à partir de 22h30 les
vendredis et samedis soirs seulement. Pas testé !
-
Lundi
23 septembre 2013 :
debout
à 5 heures 30. Si tôt que cela, bah pourquoi Capitaine ??? Beaucoup de
choses à faire et à régler avant le départ que je souhaiterai avant midi si
possible.
Mais
surtout ; je dois récupérer mes voiles ! Quelles voiles me direz-vous ?
Et bien figurez-vous qu’hier ; j’ai arrêté toute une famille sortant en
pirogue traditionnelle (baptisée « Fils de Dieu ») pour la session de
pêche dominicale. Et je leur ai proposé de leur donner mon ancien génois qu’ils
pourront retailler à leur guise. Leur voile mesure 7 m2 , le génois environ 40.
Ils auront du rechange ou pourront distribuer la toile à qui sera intéressé.
Bref, le génois était stocké tout au fond de mon coffre et il me fallait un peu
de temps pour le sortir. Je leur dis que je le poserai sur le rivage en
revenant de ma session de Kitesurf et qu’ils n’auront plus qu’à le récupérer à
leur retour de pêche. Mais ça ne s’est pas vraiment passé comme je l’avais
prévu. Je suis rentré tard et lorsque je suis arrivé à mon bord ; j’ai
remarqué que mon gros sac de voiles posé au pied du mât avait disparu. Et j’en
ai déduis qu’il y a eu confusion dans les colis. Le vieux génois était toujours
au fond du coffre, et ils se sont trompés en prennant ma trinquette, un génois
léger que j’endraille sur le bas-étai largable, plus 2 écoutes.
Il est trop tard
pour que je m’occupe de cette affaire ce soir, mais étant donné que je dois
partir demain matin, je dois régler ça avant de faire les papiers de sortie, et
donc me lever tôt. Après avoir miraculeusement retrouvé la trace de celui que
l’on surnomme Lulu Sono et qui vit sur les hauteurs du petit port de pêche (en
voyant son habitation faite de parpaings bruts et pas plus grand qu’un gros
garage ; je suis heureux d’avoir choisi ces gens là. Le hasard fait bien
les choses), heureusement pour tout le monde ; les choses vont très vite
se goupiller.
Quelques fruits et
légumes achetés au marché local, 20 minutes d’Internet (la météo annonce 48
heures d’Alizés d’est sud-est 15-25 nœuds, puis pétole à partir de mercredi
soir)… Je serai à l’heure à la capitainerie du port pour les formalités. Les
douanes arrivent avec plus d’une heure de retard, et nous sommes 5 bateaux à
mettre les voiles pour Mauritius Island et sa capitale que l’on nomme
Port-Louis, port d’entrée officiel et unique de l’île.
Que c’est long,
long et fastidieux pour rester correct…
12h15 : de retour à bord pour les derniers
préparatifs. Et à 13 heures ; action !
Nous sommes 5
voiliers sur la ligne de départ. Deux ont clairement bouffé le top horaire de
près de 3 heures (premiers servis aux formalités, premiers partis) !
L’équipage norvégien sur un magnifique et récent Ovni 365 suréquipé de 2008, et
un solitaire allemand sur un Bavaria 36 récent également que j’ai rencontré aux
Cocos Keeling Islands. Un autre voilier qui ressemble à un Rêve d’Antilles part
en même temps que l’outsider nommé Free Spirit. Le cinquième partira une heure
plus tard.
15 minutes de
moteur aidé de la GV
à 3 ris plus la trinquette pour sortir du chenal de Port Mathurin, orienté
presque face à l’Alizé qui souffle à 20-25 nœuds d’est sud-est sous un ciel peu
nuageux.
Rapidement :
nous prenons notre cap au 266°, route sur Cap Malheureux, situé au nord de
Maurice, à 330 milles de Port-Maturin. Au total ; nous avons 350 milles à
parcourir jusqu’à Port-Louis.
GV affalée, dérive
relevée, nous filons bâbord amure, allure de largue, génois tangonné sur bâbord
et trinquette sur tribord. La mer est très agitée, houles croisées de sud et
d’est avec des creux de 3,5 à 4
mètres .
18h00 : Free Spirit, décidément très en forme, dépose
proprement et sereinement le Bavaria 36 pourtant parti presque 3 heures avant nous. Quel
pied ! Quant à nos deux poursuivants ; leurs silhouettes se sont,
comme celle de l’île Rodrigues, dissoutes dans le sillage expressément tracé
par mon fidèle compagnon de course-croisière.
Le beau temps se
maintient laissant transparaître un magnifique clair de lune. Le vent faiblit
sensiblement à partir de minuit. La mer reste très agitée et croisée de toute
part.
-
Mardi
24 :
7h30 : grand beau temps. Le soleil a rendez-vous
avec la lune ce matin. Free Spirit est seul au cœur de l’océan sans cesse en
mouvement. Seul ??? Pas vraiment ; j’aperçois droit devant un petit
triangle blanc flottant et disparaissant parcimonieusement sur la ligne
d’horizon au grès de la houle toujours bien formée. Ce doit être Freda ;
l’Ovni 365 parti lui aussi de Port Mathurin près de 3 heures avant nous.
Vent de sud-est
15-18 nœuds, mer désagréablement très agitée, houle de sud croisée avec houle
d’est.
13h00 : JOUR 1. 19°46 de latitude sud, 61°01 de longitude est ; 139 milles parcourus ces premières 24 heures.
Evidemment ; avec un pilote automatique, on change de planète ! Reste 213 milles jusqu’à Port Louis. 193 milles dans le 267° jusqu’à la pointe
nord de l’île, cap que l’on appelle cap Malheureux ! Allez savoir
pourquoi ?
18h00 : Free Spirit finit tranquillement de dépasser
l’Ovni 365 que nous laissons sur notre bâbord, à moins de 1 mille. C’est que
l’on y prend goût…
Nous allons, tout
au long de la nuit, rencontrer de nombreux navires de commerces. Nous devons
présentement évoluer au sein d’une route maritime très fréquentée, peut-être
même obligatoire, pour les bateaux désirant rallier l’océan Atlantique via le
Cap de Bonne-espérance en Afrique du sud avec les Indes, l’Indonésie, la Chine , le Japon ainsi que la Micronésie.
A une heure du
matin, nous nous trouvons en route de collision avec un conséquent
porte-conteneurs qui coupe notre route et nous croise à moins de un mille sur notre
tribord. J’entends ses moteurs à propulsion nucléaire ronfler, et les vagues
s’exploser sur son étrave ainsi que son franc-bord haut comme un immeuble de 3
étages.
-
Mercredi
25 :
6h30 : le vent n’a fait que faiblir depuis hier soir
comme annoncé par les fichiers météo pour finir par atteindre qu’un fébrile
10-12 nœuds ce matin, venant du plein est. Ciel clair et dégagé au sud, gris et
menaçant au nord. La mer s’est bien calmée, la houle se rétracte peu à peu.
Nous naviguons dorénavant plein vent arrière, ce qui est loin d’être l’idéal
dans du vent faible car nous roulons beaucoup et notre vitesse diminue
sérieusement. Une arrivée de nuit sur Maurice semble d’ores et déjà inévitable.
Quelle nuit, par contre, ça ; on ne sait pas encore ???
10h00 : fini le soleil ! Free Spirit slalome
entre les grains pluvieux, le vent devient parfaitement instable, variant du
sud-est à l’est nord-est, de 5 à 20 nœuds. Chouette !
11h00 : il semblerait que le vent veuille bien se
stabiliser à l’est nord-est. Le courant nous dépale vers le sud, je dois par
conséquent mettre le cap au 280°, empanner pour passer tribord amure, et
baisser la dérive afin de remédier à ces quelques petits désagréments
inattendus.
13h00 : JOUR 2. 19°55 sud,
58°44 est ; 130 milles
parcourus. Reste 84 milles jusqu’à Port
Louis. 64 milles dans le 267° jusqu’au
cap Malheureux.
Le vent chute à 5
nœuds. Et voilà l’travail ! Un mois que je n’ai pas vu descendre
l’anémomètre en dessous de 20 nœuds, des journées à 30 nœuds, 270 milles parcourus ces 48 dernières heures
et plusieurs voiliers dans les choux… et voilà que tout s’arrête. Combien de
temps allons-nous galérer afin de rejoindre l’île Maurice ? 36
heures ? Peut-être même 2 jours qui peut savoir…
17h00 : le vent est repassé au sud-est en mode
poussif, 5 à 8 nœuds à peine. Le ciel s’est bien dégagé. Nous venons de couvrir
une distance impressionnante de 9,5 milles en 4 heures. Pour couronner le tout,
environ un demi-nœud de courant de face contribue à ralentir notre fulgurante
progression ! Que du bonheur…
A nouveau bâbord
amure, nous accélérons fiévreusement, mais pas pour bien longtemps. Je suis
d’ailleurs plutôt surpris que le vent soit revenu au sud-est si tôt car les
fichiers météo annonçaient son retour qu’à partir de vendredi en début de
journée. D’un autre côté ; cela ne serait pas la première fois, ni la
dernière, qu’ils se tromperaient !
18h30 : le peu de vent qu’il subsistait a finalement
fini par presque totalement disparaître aussi vite que tombe la nuit australe
par 20 degrés de latitude sud.
Un bout de génois
tangonné sur tribord afin de maintenir notre cap et hasta la vista Baby !
4h00 : les premières lueurs de Mauritius Island
scintillent sur notre avant bâbord. Nous ne sommes plus très loin des côtes… en
distance car en temps ; c’est une autre histoire !
Nous nous faisons
doubler par un de nos concurrents naviguant désormais au moteur.
-
Jeudi
26 :
7h00 : deux petites îles se dessinent dans notre
avant tribord ; Serpent Island et Round Island. On dirait 2 tortues posées
sur une ligne d’horizon aussi plate que peut l’être une mer calme à peu agitée,
sans un brin d’air pour venir la rider. Quant au soleil ; il brille de
1 000 feux ! Autant la nuit, il fait frisquet, autant le jour en
plein soleil et surtout sans un minimum de brise ; ça chauffe dur ! Le
vent faible, très faible, trop faible, est variable en direction ! Nous
avons même touché du sud sud-ouest qui nous a déhalé à l’allure de bon plein
sous génois léger seul durant 2 heures environ. Puis à nouveau la pétole.
10h00 : j’aperçois la silhouette accidentée de
Maurice noyée dans la masse nuageuse qui la surplombe.
Un autre voilier
nous dépasse, lui aussi assisté de son moteur bien évidemment.
Moi ; je ne
suis pas pressé au point de m’enquiller plus de 50 milles au bouzin, il en est
clairement hors de question !
13h00 : JOUR 3. 19°56 sud,
58°00 est ; 42 milles
laborieusement couverts. Reste 43 milles
jusqu’à Port Louis. 23 milles dans le
266° jusqu’au cap Malchanceux. Euh pardon ; Malheureux.
17h00 : de l’air…enfin ! De secteur est à est
nord-est, de 8 à 10 nœuds. Génois tangonné sur tribord. Et ça repart.
18h05 : coucher du soleil.
21h30 : à 6 milles du cap Malventeux ; la pétole
reprend le dessus. Plus rien à faire ni à espérer, à part peut-être attendre
que la brisette réapparaisse avec le clair de lune. En attendant ; les
voiles sont pliées et le pilote affiche le mode stanby.
23h00 : une brisounette soufflant du sud nous sort de
notre immobilisme dégradant.
Et, phénomène
inexpliqué ou hallucination ? Non ! Trinquette est aussi perplexe et
dubitative que moi quant à ce sifflement étrange, lancinant et répétitif venu
du fond des abysses. Aucun doute possible ; nous méditons avec
contemplation le champ des baleines qui résonne dans toute la coque de Free
Spirit comme dans un amphithéâtre. Séquence émotion…
-
Vendredi
27 :
5h30 : vent de secteur sud-est 6-8 nœuds. Beau temps
belle mer. Taux d’humidité dans l’air frôlant les 200% ! Température de
21° à l’intérieur, ça vous transperce les os par exemple ! Alors que nous
croisons nonchalamment les pirogues à voiles aidées de leur moteur qui s’en
vont paisiblement à la pêche.
6h30 : vieux motard que jamais ! Nous doublons
enfin le cap Pricieux aidé d’un courant favorable de 1,5 nœud environ. Le canal
Quoin Channel que nous empruntons actuellement est large de 1,5 mille entre
l’île Gunner’s Quoin au nord et le récif frangeant de Maurice au sud. Le
courant peut atteindre 5 nœuds dans les 2 sens sur une ligne est-ouest à
quelque chose prêt. A contre courant d’un Alizé puissant ; les déferlantes
peuvent atteindre des hauteurs de 6 mètres (comme vécu au moment de l’arrivée sur
l’île de Bali).
Nous faisons
désormais route au 250°.
C’est d’la
balle ; la brise côtière d’est à nord-est arrondie la côte et nous pousse allure
de grand largue, voiles en ciseaux, jusqu’à l’entrée du chenal d’accès à la
marina de Caudan bassin.
8h00 : il nous reste une dizaine de milles à
parcourir jusqu’à la marina. Nous devrions arriver avant midi.
10h00 : arrivée au quai des Officiels.
Tous mes amis de
bateaux circumnavigateurs sont déjà là, au bassin Caudan !
Résumé
de la traversée.
Free
Spirit a parcouru 350 milles en 3 jours et 21 heures, à 3,8 nœuds de moyenne pour 90 milles par
jour. 270 milles les 48 premières heures
(5,6 nœuds de moyenne), et seulement 80 milles dans le même laps de temps à 3
heures près (1,8 nœud de moyenne).
70 heures de barre
pour notre pilote de prêt venir secourir notre pilote de secours ! 13 heures pour le capitaine les 2 premiers
jours. Une dizaine d’heure à la dérive.
45 minutes de moteur (15 minutes au départ de Port Mathurin,
île Rodrigues, et 30 minutes à l’arrivée à Port-Louis, île Maurice).
benoit
RépondreSupprimerhello on s'est rencontre à la Martinique il y a pas mal de temps je suis skipper et kiteux à mes heures perdues et maintenant installé à la réunion alors dès que tu arrives n'hésites pas à me passer un coup de fil 0692736106 ou par mail franckchateigner@yahoo.fr
cool beau voyage
à +